Les principaux résultats

Le projet AGRUM’AIDE a permis d’identifier le rôle central des enherbements spontanés des vergers pour soutenir la lutte biologique. Différents outils ont été développés pour accompagner les producteurs et les aider à prendre des décisions pour optimiser leurs gestions...

Le projet a permis de créer une dynamique d’acteurs à l’interface de la recherche et du développement pour concevoir de nouveaux modes de gestion des enherbements. Chaque producteur s’est construit et a affiné lui-même ses pratiques pour qu’elles soient en adéquation avec son mode de fonctionnement à l’échelle du système de culture mais aussi à celui de son exploitation. Ces modes de gestion ont conduit à une réduction globale d’usage des pesticides des producteurs impliqués dans le projet (indice de fréquence de traitement de -36 %). Au-delà de cette réduction, il est intéressant de noter qu’aujourd’hui plus aucun producteur n’utilise des insecticides d’origine chimique, ils les ont parfois substitués par des bio-pesticides ou ne traitent tout simplement plus contre les ravageurs. De même, l’utilisation des herbicides est devenue anecdotique et présage, à terme, d’une non-dépendance de ce système au glyphosate. Les producteurs ont pris conscience du rôle des enherbements et les considèrent désormais comme des habitats fonctionnels à manipuler de façon raisonnée. Nos travaux ont permis de montrer qu’une approche fonctionnelle (étude des traits fonctionnels des espèces végétales de la flore spontanée) permettait de prédire la composition des enherbements face à différents modes de gestion. Des pratiques culturales adaptées permettent donc de supprimer ou de favoriser des espèces végétales de ces communautés. De même, ces pratiques, lorsqu’elles permettent à la flore spontanée de s’exprimer pleinement (comme par exemple fleurir), conduisent à une diversité floristique permettant de porter en abondance des traits fonctionnels propices à la fourniture d’habitats et de nourriture aux auxiliaires que nous avons étudié (coccinelles et phytoséiides). Cependant, pour garantir ce service écosystémique de bio-régulation des ravageurs en permanence, ces pratiques de gestion doivent permettre de créer des habitats refuges de transition pour les auxiliaires. Ceci implique une différenciation dans le temps et dans l’espace des interventions de gestion des enherbements afin de laisser des habitats de transition non perturbés (par exemple fauchage d’un rang sur deux en alternance). Sur la base de ces connaissances acquises, nous avons construit un outil d’aide à la décision basé sur un modèle opérationnel, évaluant l’effet de la gestion des enherbements sur la végétation et ses conséquences sur la lutte biologique. Ce modèle fonctionne avec trois variables d’entrée : les espèces végétales composant l’enherbement, leur mode de gestion et la fréquence d’intervention sur le couvert végétal. Les variables de sortie sont des notes d’abondances des espèces végétales et des notes de fonctionnalité du couvert végétal vis-à-vis de chaque auxiliaire testé (coccinelles et phytoséiides). A l’échelle du système de culture, nous avons également élaboré avec les producteurs un outil d’évaluation multicritère des performances. Il est composé d’une grille de 45 indicateurs (18 indicateurs agro-environnementaux, 6 économiques et 21 sociaux) se présentant sous la forme d’un tableau de bord. Les indicateurs sont l’expression de la performance des systèmes de culture vue par les agriculteurs.